dimanche 6 septembre 2009

Le cirque en bateau.


Le cirque et son tapage quittent le petit bourg avec sa foire : le spectacle est terminé, il faut reprendre le bateau. Sur la passerelle montent la trapéziste, le dompteur avec son éléphant et le lion, le jongleur, l’équilibriste avec son tonneau, la danseuse et ses serpents, le magicien en cape noire, et le clown entouré de silence. Monsieur Loyal, au bord de l’eau repense à la soirée. Il espère une meilleure recette dans le prochain village. Est-ce la fatigue, les soucis, bercé par les remous du fleuve, le voilà qu’il s’endort, qu’il rêve. Il porte une longue barbe et s’embarque dans un étrange bateau. Après le départ, lui parvient encore en écho les lamentations du clown abandonné. L’eau a tout envahi : aucune terre à l’horizon et à bord l’ambiance est tendu : le jongleur a failli se battre contre le dompteur. Il va voir le magicien qui retourne son chapeau d’où s’envole une colombe qui disparaît aussitôt dans l’azur. La trapéziste guette son retour du haut de la vigie.Sa main devient bleue d'avoir gratté le ciel. L'oiseau revient enfin avec une branche d’olivier. Enfin apparaît une montagne au sommet duquel s’est dressé un chapiteau aux couleurs de l’arc en ciel. Une voix l’appelle : « Mr Loyal ! » il ouvre les yeux et voit tout prés de lui le visage du clown dont les histoires dansent encore au fond de ses prunelles.

jeudi 23 juillet 2009

Le champ de blé


Que la caravelle toutes voiles dehors emporte notre âme à travers les blés ondoyants sous le soleil dont la chaleur embrase l’air que remplit le chant sec et strident des grillons, grisés d’or et de lumière. Ainsi, arrivé au milieu du quotidien doré de l’été, il ne lui reste plus, tel un conquistador, qu’à descendre du navire et à planter son idéal parmi les gouttes rouges des coquelicots autour desquels tournent les abeilles dont les vols tracent dans l’air les formules sacrées du miel des beaux jours de notre vie.

lundi 20 juillet 2009

Les champs du printemps


Enveloppée de lumière, l’âme prend la clé des champs et laisse étancher sa soif de renouveau devant le vent verdoyant qui brille dans la vague des arbres en feuilles qu’entoure la mer des blés encore verts d’où émerge une maison à tuiles rouges, perdue dans les jours qui passent et qui seront oubliés dans la brume des souvenirs. Les nuages dans le ciel semblent immobiles comme dans un tableau qu’aurait pu peindre cet artiste dont l’oreille coupée ne l’empêchait pas d’entendre le chant du printemps et de naviguer sur la toile avec des couleurs éclatantes et des mouvements tourmentés vers l’île où poussent des tournesols dans les champs lumineux et sereins.

mardi 7 juillet 2009

La vierge et l'enfant




A la lisière de la forêt, se pose une petite chapelle à six pans où se dresse à son sommet une statue de la vierge Marie et l’Enfant dans ses bras. Comme un manège, elle semble vouloir tourner sur elle-même : « entrez, entrez Messieurs Dames, venez vous purifier de tous vos péchés, venez retrouver la foi et l’amour du prochain » Ainsi le voyageur, après avoir traversé la forêt, rentre dans ce lieu béni et il lui semble voir au fond de lui-même, celle qui accueille les humbles et les faibles, celle qui est infiniment riche parce que infiniment pauvre, celle dont la tête couronnée d’or et la belle robe bleue piquée d’étoiles illuminent et entourent l’enfant roi bercé dans ses bras, celle dont sa tête fine au contour si pur fait descendre de l’azur les anges, celle dont le regard divin inonde de lumière les âmes grises, fatiguées d’une errance sans fin et fait refleurir cette image d’éternité que chacun a reçu en partage telle la lune d’argent sur le calme d’un étang.

mardi 30 juin 2009

L'âme au vent


Il est temps de nettoyer notre âme où s’est déposée la poussière des ennuis et des vastes chagrins, de l’accrocher ensuite au fil de l’espoir, gonflée au souffle de l’esprit comme le linge, balançoire de toiles bariolées qui claquent au vent, avant de la ranger dans l’armoire intérieur dont les portes du monde s’ouvrent pour laisser passer les souvenirs, le temps qui passe comme le vent dont le murmure chante l’adieu du soir à la forêt alors que le linge est déjà retiré et qu’il ne reste plus que le fil qui disparaît dans l’obscurité.

lundi 22 juin 2009

La vieillesse des engins agricoles.




Un matériel agricole d’une autre époque est entrain de rouiller lentement au fil des jours. Il a l’effet du soleil couchant dans les beaux arbres d’octobre. Dans son immobilité il ne lui reste plus que le temps. Revoit-il seulement les champs dorés qu’il moissonnait, la terre qu’il ouvrait et retournait et qui laissait exhaler une vapeur légère ? Entend –t-il encore le chant du laboureur et le ahanement des bœufs dont les pas lents et sûrs se dirigeaient toujours vers la lisière où les vieux soirs tiennent le clair de lune, l’humidité et le silence ? La terre lui est cachée, il ne découvre plus que le ciel où passent les nuages, où scintillent les étoiles à partir desquelles il se dirige comme un voyageur de nuit dans le champ de ses souvenirs.

mardi 16 juin 2009

Le hameau endormi.




Une vague couverte de forêt, semble vouloir engloutir les maisons nichées dans le pli de la mer immobile et verte des champs où glisse l’ombre d’un oiseau au dessus duquel flottent lentement des nuages colorés d’espoir, qui suivent la courbe du temps en écho des sources muettes que sont devenues les objets inanimés sur la terre endormie, encore préservée du doute, terrible trou noir de l’esprit, là où se perd alors son enfance et la confiance en soi-même.